Une nouvelle fiction, un peu différente, car elle est écrite à deux plumes.

Un défi a été lancé: Ecrire une histoire policière originale à la "Véronica Mars", merci à Clausmaster d'avoir été mon binôme dans cette passionnante aventure!

 

Disparitions...

 

 

- Christen ! Dans mon bureau, lança une voix tonitruante.

La voix du chef Hansen fit vibrer les minces cloisons du commissariat de Milford Heaven (Nebraska). Le capitaine Christen soupira : quand le chef Hansen hurlait de cette façon, le policier convoqué pouvait se faire du souci.

- Chef ?
- Capitaine Christen, vous n’avez rien à me dire ?
- Pas vraiment non, je suis sur l’affaire et j'espérai avoir du temps pour bosser !
- Bon Dieu, Larry ! On en est à huit : huit personnes disparues en cinq jours. J'ai le maire et les journaleux sur le dos.
- Je ne le sais que trop bien. J’essaye d’établir des corrélations entre elles, mais il n’y en a aucune.
- Aucune ?
- Il y a des femmes, des hommes, des jeunes, des vieux, des noirs, des blancs, aucun lien visible entre elles!
- Etes-vous remonté suffisamment loin dans leur passé, elles auraient pu être toutes jurées au même procès par exemple.
- Pour la fillette de sept ans, j’en doute …
- Prenez autant d’hommes qu’il vous faut, faites l’impossible, vous avez carte blanche !
- Bien chef!
- Envoyez-moi Lindman, j'ai deux mots à lui dire, lança le chef avant de le congédier d’un signe de la main.

En sortant du bureau, le capitaine Christen sourit, un sourire ironique car le chef Hansen avait une fâcheuse tendance à se défausser sur ses subordonnés quand tout allait mal, mais n'hésitait pas une seconde à s'attribuer tout le mérite à la suite d'une enquête réussie. Avec ses quinze ans de maison, le capitaine Christen connaissait les règles du jeu mais avec son vieux fond d'idéalisme, il avait toujours du mal à l'accepter. De retour dans le bureau qu’il partageait avec Michael Lindman, son collège depuis plus de dix maintenant, Larry se laissa tomber sur sa chaise avec un soupir.

- C’est à ton tour, il t’attend dans son bureau.
- Ça a été?
- Il y a eu pire, son visage était rouge mais pas cramoisi.

Michael se rendit d’un pas traînant dans le bureau voisin, un animal que l’on emmènerait à l’abattoir aurait l’air aussi enthousiaste.

- Inspecteur Lindman, vos OVNI, c’est réglé.
- OVNI, OVNI, c’est vite dit !
- Et alors.
- D’après les témoins, ce sont des perturbations qui font penser à des aurores boréales, mais au niveau du sol, de taille réduites, dans des lieux divers et toujours de nuit.
- Quelqu’un s’en est approché ou aurait photographié le phénomène ?
- Non, cela a été observé de loin, quand ils ont voulu voir de plus près, enfin ceux qui n’ont pas eu peur, le phénomène s’était déjà estompé.
- Des marques au sol, des traces, qu’en disent les techniciens du labo ?
- Rien, aucun résidu, juste des empreintes, mais parfaitement humaines.
- Très drôle, faites des relevés et mettez-les dans le fichier, on ne sait jamais, les caractéristiques de certaines des chaussures pourraient être reliées à une autre affaire et on pourrait interroger le possesseur sur ledit phénomène.
- Je m’en occupe dans l’heure !

Larry posa un regard interrogatif sur son collègue.

- Je m’en sors à bon compte !
- Tant mieux.
- Je dois rentrer tous les relevés d’empreintes de mon affaire sur les phénomènes lumineux dans l’ordinateur et…….
- Tu as horreur du travail de bureau.
- Je vais en avoir pour un bout de temps, tout ça pour pas grand-chose…..des OVNI n’importe quoi.
- Ça fait partie du boulot !
- Enquêter sur tout et n’importe quoi, je préférai participer à ton enquête, au moins retrouver des personnes disparues, c’est plus utile que des histoires de lumières bizarres.

D'habitude vivre à Milford Heaven, c'était vivre dans un petit paradis. La ville respirait le calme et la quiétude, le tout sous un soleil quasi-permanent. Oui mais voilà, depuis le début de la vague de disparitions, c\'est comme si une chape de plomb s'était abattue sur cette ville, les gens ne rigolaient plus, ne se disaient plus bonjour, se dépêchaient de rentrer chez eux.


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Ailleurs, dans une chambre blanche, une femme ouvre les yeux, encore groggy. Avisant la sonnette pendue au dessus d’elle, elle l'utilisa. Dans la minute qui suivit une silhouette passa la porte, effrayante au premier abord, elle était non seulement énorme, mais aussi difforme. Jessy se recroquevilla dans le lit, trop faible pour s’échapper, mais suffisamment consciente pour avoir peur. Son air terrifié, laissa place à une moue dubitative, lorsqu’elle se rendit compte qu'elle avait en face d'elle non pas un monstre mais une infirmière revêtue d'une combinaison NBC.

- Vous êtes réveillée, cela va mieux?

La voix douce et apaisante de l'infirmière, rassura (un peu) Jessy.

- Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Pourquoi cette tenue ?
- Doucement, une question après l’autre. Vous êtes à l’hôpital, je suis infirmière dans le service de recherche et vous êtes contagieuse.
- J’ai quoi ? Je vais mourir ?
- Vous avez la grippe et non vous n’allez pas mourir.
- Si c’est une simple grippe, pourquoi cette tenue ?
- Parce que cela me tuerait !

Jessy n'était pas plus rassurée par ce court dialogue. Comment une simple grippe pourrait tuer quelqu'un, cela n'avait aucun sens. Craignant le pire, elle préféra rester muette et prostrée.


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Au poste de police, tout le monde était sur le pied de guerre. Après des jours de recherche et d'enquête, la police de Milford Heaven aidée par des agents spéciaux du FBI avait fini par trouver une piste, un lien entre tous les disparus. Un lien étrange mais un lien quand même. Un matin, alors qu'ils discutaient autour de la machine à café, Christen et Lindman se rendirent compte que leurs deux affaires n'en faisaient qu'une, qu'à chaque fois que le phénomène lumineux était signalé, une personne disparaissait.

- Tu penses à quoi ? Des extraterrestres ?
- Tu plaisantes ?
- Oui, enfin non, je sais pas, je sais plus, c'est la première fois où je suis largué à ce point !
- Tu regardes trop la télé c'est tout !
- En un mois, dix-sept disparitions, précédées de dix-sept phénomènes lumineux inexpliqués, tu expliques ça comment toi ?
- Et bien justement, je ne l’explique pas !
- Au train où vont les choses, on va finir dans le livre des records :
- Dans quelle rubrique ? Le plus grand nombre de disparitions ou la police la plus incompétente ?
- Les deux !


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Jessy se sentait mieux, elle décida de sortir de sa chambre, bien décidée à en savoir plus. Elle a eu à plusieurs reprises les visites de médecins et d’infirmières toujours engoncés dans des combinaisons anti-virales, qui éludaient la plupart de ses questions.
Dans le couloir elle reconnut plusieurs personnes de son quartier, elle ne les savait pas malades, d’ailleurs elles aient l’air plutôt en forme pour des malades..........

- Elisa, mais que fais-tu ici ?
- Jessy ! Contente de te voir. A vrai dire, je ne sais pas trop, je ne me souviens même pas être venue à l’hôpital.
- Moi, non plus justement, c’est très étrange.
- On m’a dit que j’avais la rougeole, mais je l’ai eue enfant, je suis immunisée, je n’ai pas de rougeurs, pas de fièvre rien !
- Pour une simple grippe, j’ai eu droit au personnel médical en tenue anti-virale !
- Moi aussi, d’ailleurs absolument tout le personnel est toujours en combinaison, il y a même un sas de décontamination à l’entrée du service, mais il faut un code pour sortir.
- Donc nous sommes enfermées ?
- En quelque sorte.

Avisant un journal dans une poubelle, Jessy s’en saisit et le parcourut avec avidité. La couverture confuse et brouillonne annonçait souvent des faits-divers d\'une affligeante banalité. Son regard fût bientôt attiré par un grand encart rouge dans lequel nous pouvions lire ceci :

« Grande nouvelle !

Après des semaines de labeur, le centre de recherche peut l'annoncer avec certitude : le vaccin universel vient d’être mis au point et sera distribué gratuitement dès demain.

Après plus de six mois à vivre dans la crainte du moindre virus, suite aux événements provoqués par le passage de la comète Sirelia. Nous anticipons avec joie la fin de ces temps troublés.

Les chercheurs sont restés très mystérieux quant à la façon dont ils ont pu mettre au point ce vaccin sachant que plus personne, humain ou animal, ne possède d’immunité à ce jour.»

Une infirmière la surprenant à lire lui dit, sans réfléchir, en souriant :

- Tout cela c’est grâce à vous !
- Grâce à nous ?
- Excusez-moi, je n’aurai rien du dire ….
- C’est un peu tard !
- Vos gênes sont la clef de notre survie !
- Comment est-ce possible ?
- Ceux de votre monde ont sauvé notre planète !
- Votre monde, mon monde ? C'est quoi ce charabia ?
- Venez!

La jeune infirmière lui prit le bras de sa main gantée et l’amena à l’une des fenêtres. On n’y voyait pas grand-chose, le crépuscule laissait présager un paysage campagnard des plus banals. Elle effleura alors un interrupteur, la vitre devait avoir une sorte de filtre car d’un coup tout s’éclaircit et le soleil envahit le fond du couloir. Un bien étrange soleil, abricot tirant sur le pêche, et donnant un aspect rosé aux alentours. Le ciel lui-même était différent, parsemé de luminosités rosées, violettes, on aurait dit des aurores boréales mais occupant tout l’horizon.

- C’est beau, mais effrayant, on préfère le dissimuler avec des filtres.
- Où suis-je ? demanda Jessy d’une petit voix tremblante.
- Mais sur Terre.
- Normalement, c’est pas comme cela !
- Sur «Ma Terre»


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Trente cinq jours après la première disparition, toutes les personnes disparues, réapparurent tout aussi mystérieusement. Elle ne purent jamais expliquer ce qui leur était arrivé, même sous hypnose. Apparemment le ou les ravisseurs avaient pris toutes leurs précautions pour ne jamais être retrouvés.

- Bonjour Mademoiselle Bell, je suis le capitaine Christen !
- Appelez-moi Jessy !
- Bien ! Jessy, vous souvenez-vous de ce qui vous est arrivé ?
- Ce qui m’est arrivé ? Il ne m’est rien arrivé, d’ailleurs je ne comprends même pas pourquoi, je suis convoquée !
- Vous aviez disparu !
- Je n’ai pas disparu, je suis bien là !
- Vous aviez disparu il y a 18 jours pour réapparaître seulement hier soir.
- C’est une plaisanterie ?
- Je le voudrais bien, mais ce n’est pas le cas !


Avisant le calendrier sur le bureau du capitaine, Jessy, intriguée, lui lança:

- Vous êtes en avance de 18 jours!
- Non, je suis à la date du jour, c’est vous qui êtes restée 18 jours quelque part.
- Je ne comprends pas !
- Vous n’êtes pas la seule, plusieurs personnes, comme vous, ont disparu puis sont réapparues aussi mystérieusement, sans savoir ce qui leur était arrivé.
- Vous voulez dire qu'elles sont amnésiques comme moi?
- Tout à fait !

Jessy eut un sourire bref. Elle, qui pensait être la seule et unique victime, se sentit d'un seul coup plus forte. La jeune femme ne serait pas seule à affronter la curiosité et la méfiance des habitants de Milford Heaven. Elle sortit du commissariat, dégagea son front de quelques mèches blondes rebelles et marcha, fière et sûre d'elle alors que le soleil se couchait. Jessy pensa alors que serait bien beau d’y voir des reflets de la couleur des aurores boréales.

 

 

FIN

 

Au gré de mes inspirations nocturnes d'autres histoires apparaîtront..........

 

 

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