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 Sujet du message: Histoire de la broderie
MessagePosté: Mer 30 Jan 2008 14:45 
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je fais des recherches et je vous passe mes résultats s ça vus interresse ^^

"L'HISTOIRE DE LA BRODERIE

PRÉSENTATION

Broderie, terme désignant l’art d’ornementer un tissu au moyen de motifs cousus avec des fils de couleurs et de textures variées.

Le terme de « broderie » apparaît à la fin du XIIe siècle et désigne tout d’abord les motifs décoratifs ornant les vêtements sacerdotaux. Par la suite, il s’applique aux ornements cousus sur toutes sortes de tissus à l’aide de fils colorés.

L’invention de la première machine brodeuse par l’Alsacien Joseph Heilman en 1828 permet la fabrication en série des broderies, invention qui n’empêche pas la tradition de la broderie de se perpétuer en tant qu’artisanat et de demeurer populaire auprès des femmes. Elle est toujours employée pour agrémenter de motifs les vêtements, les tapisseries murales, le linge de maison, les tissus d’ameublement et les tapis.

LES MATÉRIAUX ET LES TECHNIQUES

Le matériel de brodeur se réduit à une aiguille. C’est elle qui fixe sur la partie à décorer les différents matériaux utilisés. La laine a été utilisée depuis les temps les plus reculés. Le lin a servi aux Égyptiens et le coton aux habitants de l’Inde. La soie était connue des Chinois plusieurs siècles avant notre ère.

Les broderies peuvent se répartir d’après les différents points employés : point court, point long, point satiné, point fendu au XIIIe siècle, chaînette, couchure de métal, point de tapisserie, point de feston, etc.

La broderie en relief s’obtient à l’aide de support tel que le cuir, le feutre, le carton sur lequel on brode avec le fil choisi.

Le point plat ou de tapisserie utilisé droit, de biais ou rentré (empiétant) permet le remplissage sans relief. Ce point fait avec des fils de soie très fins, donne des effets légers. On parle alors de peinture à l’aiguille.

La technique de la broderie permet l’adjonction à la surface du support d’éléments décoratifs variés tels que des perles ou des paillettes.

LES ORIGINES DE LA BRODERIE

La broderie existe depuis une époque très reculée puisque la plus ancienne toile brodée connue provient d’Égypte. En effet, les Égyptiens, à l’instar d’autres peuples méditerranéens de l’Antiquité, ont été de talentueux brodeurs. La broderie fine s’est également développée en Perse, à Babylone, en Palestine, en Phénicie et en Syrie, mais il ne nous reste que peu d’exemples de broderie ancienne, et l’histoire de cet art est difficile à reconstituer avant le VIe siècle apr. J.-C.

LA BRODERIE EUROPÉENNE

Dans la Byzance médiévale, les habits de cour, les vêtements sacerdotaux et les étoffes ornant les autels étaient brodés de motifs ornementaux de couleurs vives, souvent copiés sur des modèles persans et soulignés de perles et de fils d’or et d’argent. En Grèce, vers la fin du Moyen Âge, des panneaux de lin brodés de soie étaient ornés de motifs géométriques et floraux colorés s’inspirant de modèles persans et italiens.

L’influence de l’art byzantin s’étend par la suite en Europe, particulièrement dans le Sud et en Italie. Le style figuratif byzantin, couramment utilisé dans les ateliers italiens pour la fabrication des vêtements sacerdotaux, influence largement les broderies ecclésiastiques allemandes des Xe et XIe siècles ; au XIIe siècle, l’opus coloniense, qui faisait grand usage du fil d’or, triomphe dans ce pays.

La broderie anglaise la plus ancienne date de l’an 906 ; elle orne des vêtements sacerdotaux, une étole et un manipule, provenant du tombeau de saint Cuthbert à Durham. La renommée de la broderie liturgique anglaise du Xe siècle se répand à travers toute l’Europe. Ce style, baptisé opus anglicanum, est caractérisé par des vêtements et tissus sacerdotaux brodés d’or et de fils de soie polychromes, dont les motifs, en particulier des figures de saints, sont réalisés dans un style apparenté à celui des peintures et des manuscrits enluminés contemporains.

En France, les plus beaux ouvrages à vocation religieuse de l’époque sont conservés dans les cathédrales de Chartres et de Sens. Le parement conservé au trésor de Sens est un voile de soie blanche brodé d’or et de soie représentant la vie du Christ. Le triptyque de Chartres montre le Christ, la Vierge et saint Jean dans un décor d’architecture en relief. La broderie européenne médiévale la plus célèbre, et la plus grande tapisserie connue de cette époque, la tapisserie de Bayeux, réalisée au cours du XIe siècle, évoque, en laine de couleur sur une toile de lin, la conquête normande de l’Angleterre en 1066. D’un point de vue technique, il ne s’agit pas d’une tapisserie mais bien d’une broderie.

C’est vers le milieu du XIVe siècle que fut inventée la broderie en or nué. Un mouvement émerge, favorable à la création de broderies très réalistes (« peinture à l’aiguille »), inspirées d’œuvres virtuoses de grands peintres contemporains tels que Jan Van Eyck. Ces broderies sont pour la plupart rehaussées de détails peints. Ce mouvement est à l’origine de la création de la technique bourguignonne de l’or nué, qui consiste à tendre des fils d’or sur toute la surface à décorer. L’aiguille passait à travers ce réseau avec des fils de soie de nuances diverses en prenant soin de ne recouvrir l’or que pour obtenir des effets d’ombre et de lumière. Cette technique domine la broderie picturale des XIVe et XVe siècles, créant ainsi des motifs et des illustrations d’un grand raffinement aux couleurs nuancées.

Les XVe et XVIe siècles

Au cours des XVe et XVIe siècles en Italie, la peinture à l’aiguille (broderie à l’or nué) atteint son apogée. Des peintres comme Antonio del Pollaiolo dessinent des scènes que des brodeurs exécutent ensuite. À partir du milieu du XVIe siècle, les broderies des vêtements sacerdotaux sont souvent agrémentées de motifs décoratifs profanes (des grotesques, par exemple). Ce travail, exécuté la plupart du temps dans les monastères et les couvents, est également entrepris par les membres des corporations de brodeurs. À côté de la broderie à l’aiguille, la broderie purement décorative maintient sa tradition. La broderie blanc sur blanc, par exemple, est exécutée avec des points variés sur les étoffes en lin des autels et les costumes paysans. Au XVe siècle, les travaux à fils écartés puis la technique du fil coupé donnent naissance au reticello qui fut une des premières étapes dans l’essor de la fabrication de la dentelle.

En Espagne, longtemps sous domination maure, l’influence islamique a longtemps dominé, sans faire disparaître une variété de styles de broderie espagnole comme la broderie en laine noire sur lin blanc ; l’emploi de perles, de paillettes et de velours est courant. Importés en Angleterre au XVIe siècle (selon la tradition, par Catherine d’Aragon, première femme d’Henri VIII), les modèles combinant le noir et le blanc ont donné naissance aux ouvrages noirs élisabéthains.

En Allemagne, après la Réforme protestante, la broderie est intégrée au monde des objets profanes et domestiques, tandis que la broderie en laine gagne en popularité. En Europe centrale et orientale, la broderie prospère comme art populaire destiné, par exemple, à décorer un linge de maison souvent rehaussé de motifs géométriques et floraux, décliné selon une brillante palette de couleurs.

Les XVIIe et XVIIIe siècles

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les techniques mises au point dans le passé continuent d’être employées. Si les livres imprimés de reproduction de motifs de broderie existent dès le début du XVIIe siècle, ils ne connaissent à cette époque qu’une faible diffusion. En revanche, dès cette époque, le modèle de broderie est employé comme moyen de noter et de conserver les points et les motifs ; en 1770, le Français Charles Germain de Saint-Aubin, brodeur du roi, publie l’Art du brodeur, ouvrage détaillant les différents styles et techniques de broderie.

La broderie en laine qui se développe en Angleterre au cours du règne de Jacques Ier est caractérisée par de grandes pièces de tissus en laine et en lin souvent ornées de scènes (oiseaux et plantes exotiques que mettent en valeur des points de couture et des couleurs variées). Ce type de broderie est employé en particulier pour les tentures, les rideaux et les couvre-lits.

La broderie sur les vêtements masculins et féminins atteint son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles tandis que, dès la fin du XVIIIe siècle, la broderie blanche de Saxe est très prisée pour l’ornement des manchettes et des écharpes.

Les tendances au XIXe siècle

Après la Révolution française, une volonté de simplification touche la plupart des styles. La broderie sur tulle et le travail d’application (parfois complété par la peinture) se développent, mais la technique la plus populaire au XIXe siècle demeure la broderie en laine zéphyr, un type de tapisserie à l’aiguille exécuté en soie et parfois en perles sur une laine de couleur vive. Les véritables « tableaux » créés par ce travail d’aiguille représentent des scènes bibliques ou historiques, des fleurs, des sujets littéraires ou des images exotiques. Leurs auteurs suivent les dessins peints ou imprimés à Berlin et exportés généralement vers la Grande-Bretagne et aux États-Unis.

À la fin du XIXe siècle, le mouvement Arts and Crafts, mené par William Morris, s’intéresse également à la broderie.

LA BRODERIE AUX ÉTATS-UNIS

L’introduction de l’artisanat européen en Amérique est bien sûr due aux premiers colons qui, en matière de broderie, ont probablement utilisé en premier lieu le fil de lin, bien que l’on trouve aussi de la laine et de la soie dans les premiers modèles de broderie. À la fin du XVIIIe siècle, le lin est remplacé par du fil de coton fabriqué de manière industrielle. Les teintures végétales les plus courantes sont obtenues à partir de l’indigotier, décliné dans toute une gamme de bleus.

Au XIXe siècle, les modèles de broderie connaissent une large diffusion. Au début du XXe siècle, la mode des dessins naturalistes donne naissance à la broderie en soie colorée, exécutée en plumetis plat sur du lin, dans une gamme de couleurs nuancées. À partir du milieu des années soixante, les travaux à l’aiguille connaissent un regain de faveur, exécutés à partir de dessins originaux ou de motifs préexistants.

LA BRODERIE EN ASIE

Parmi les nombreux styles asiatiques de broderie, ceux d’Iran, d’Inde, de Chine et du Japon méritent d’être distingués.

Iran et Inde

On ne connaît pas d’exemple de broderie persane antérieur au XVIe siècle. Cependant, Marco Polo décrit des motifs qui continueront d’être utilisés des siècles plus tard, notamment pour les tapis, les robes de cérémonie, les tentures et les tissus. Les motifs de fleurs et de médaillons, identiques à ceux qu’on trouve sur les tapis persans, demeurent les plus courants. Un remarquable éventail de techniques est employé : la reprise, l’extension et la couture à fils tirés, en particulier, permettent d’obtenir des textures très diverses qui sont autant d’éléments importants de la broderie persane.

La broderie existe probablement en Inde depuis la préhistoire. Au XVIe siècle, son développement est encouragé par les empereurs Moghols ; c’est sous leur patronage que de nombreux artisans persans s’installent en Inde, pendant que la broderie paysanne à caractère régional continue de prospérer. Les styles les plus célèbres sont certainement ceux de Kutch et Kathiawar, dans lesquels le satin est brodé d’une incrustation de motifs floraux mêlée à des pièces de matériau réfléchissant (des morceaux de miroirs, par exemple). Au Pendjab, les broderies phulkari sont ornées de motifs géométriques effectués à l’aide de points comptés.

Chine et Japon

Les plus anciens exemples de broderie chinoise connus figurent dans les vêtements datant de la dynastie Tang (618-906) et proviennent du Turkestan oriental. Bénéficiant de l’essor de l’industrie de la soie, qui permet aux artisans de disposer de fils et de tissus somptueux, la broderie chinoise sert principalement à orner les vêtements. Les robes des empereurs chinois, taillées dans de la soie sombre, sont richement décorées de motifs traditionnels et emploient une technique caractéristique, comme le plumetis vide qui consiste à séparer les rangées de plumetis par une bande étroite de tissu formant le fond. Les rangées de fils de soie couverts d’or et d’argent sont également pratique courante.

Au Japon, les soies colorées sont brodées de longs points réalisés en fils de soie dont les ornements les plus courants ont toujours été les fleurs, les oiseaux et les motifs abstraits. Il faut noter également que la broderie japonaise ornant les kimonos féminins a connu un essor particulier au cours des XVIIe et XVIIIe siècles."

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 Sujet du message: Re: histoire de la broderie
MessagePosté: Mer 30 Jan 2008 15:35 
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oui Midian, je sais, pas de post multiples mais c'est moins lourds à lire ... :rouge

"Broder est "l'art d'appliquer à l'aiguille une décoration sur une étoffe tissée, le fond."

Les origines de cet art millénaire sont oubliées. Des découvertes remontent à l'âge de bronze (1500 - 500 av. J.-C.) et à l'âge de fer (c. 500 -100 av. J.-C.), mais elles sont peu nombreuses. A partir des périodes anglo-saxonne (c. 400 - 1042 ap. J.-C.) et viking (c. 800 - 1050 ap. J.-C.), les exemples de broderies se font plus nombreux.

Les vêtements et les étoffes d'ameublement étaient essentiels au Moyen-Âge car "les tissus richement décorés, les soieries, les tapisseries étaient synonymes d'opulence et venaient immédiatement derrière les métaux précieux et les bijoux" . Ces étoffes richement brodées et tissées étaient un signe de puissance, elles indiquaient le rang social de celui qui en possédait et en portait, et elles étaient donc recherchées.

Pour rehausser la décoration de ces broderies, on les ornait de perles, camées, pierres précieuses et semi-précieuses, symboles de richesse. Des motifs en fil d'or étaient également ajoutés ; ils finirent par ne plus avoir qu'un rôle fonctionnel, celui de maintenir en place les différents ornements mentionnés ci-dessus.

Si la broderie semble avoir été la prérogative des classes dirigeantes les plus aisées, au moins au début du Moyen-Âge, elle a par ailleurs constitué un élément important de la splendeur ecclésiastique.

D'autre part, les ouvrages brodés faisaient également partie intégrante de la diplomatie internationale, constituant des cadeaux somptueux offerts aux rois, papes, princes et prélats.

LES CREATEURS

Si certains brodeurs créaient leurs propres dessins, en général ils essayaient tous de s’assurer les services des meilleurs artistes disponibles pour réaliser notamment les vêtements richement décorés, les tentures et les rideaux de lit.
Les artistes travaillaient pour de riches commanditaires, appartenant à l’Église, à la noblesse ou aux classes dirigeantes. Ils réalisaient pour eux des fresques, des peintures sur bois. Il n’est donc pas surprenant que ces mécènes aient fait appel au même artiste pour leur dessiner des broderies.
Pour le roi, les artistes peignaient des bannières héraldiques et des housses de chevaux, aussi bien pour les guerres que pour les joutes. A l’aide d’un pochoir, ils répétaient le même motif en or ou en argent sur de la soie fine afin de décorer les oriflammes, les housses de chevaux, les tentures murales et les rideaux de lit.
La production, en Italie et en Espagne, d’étoffes de soie décorées de motifs avait déjà commencé, mais l’application de motifs (héraldique, animaux, feuillage) au pochoir sur de la soie était plus rapide et moins coûteux.
Sur certains ouvrages où les points de broderie sont usés et les couleurs passées, on peut voir les fils de soie qui composent le fond qui témoignent du soin apporté par l’artiste au dessin préliminaire qui allait guider les brodeurs.

Au début du XVe siècle, le peintre florentin Cennino Cennini compose son Il libro dell’arte. Les procédés décrits dans les trois parties composant cet ouvrage étaient ceux utilisés au XIVe siècle. Différents sujets sont traités dans ce guide, comme par exemple “la difficulté d’appliquer la peinture et la feuille d’or sur la toile des bannières et tentures”.
On y trouve aussi des consignes destinées aux artistes devant réaliser des dessins pour les brodeurs.
Un autre exemple du contenu du livre est celui concernant le velours. Vers la fin du XIIIe siècle, cette étoffe de soie la plus onéreuse devient plus facilement disponible. Ce fond de broderie, plus riche et plus brillant, était recherché par toute personne voulant faire preuve d’opulence et afficher son rang. Les poils du tissu rendaient la broderie difficile à réaliser. Cennini conseille de travailler sur du taffetas blanc, de le découper au motif voulu et de le faire appliquer sur le velours par le brodeur.

L’OUVRAGE DE BRODERIE

Au début du Moyen-Âge, la broderie civile semble avoir été peu utilisée, à l’exception, sur le continent, des manteaux de sacre précieusement conservés au fil du temps. "A cette époque et au cours des siècles qui suivirent, les soieries richement tissées importées d’Espagne, d’Italie, du Proche-Orient et parfois de Chine, satisfaisaient les désirs de vêtements décorés".

A partir du début du XIVe siècle, l’augmentation des commandes royales entraîne la création d’ateliers particuliers pour répondre à la demande.

Des pièces conservées témoignent d’une pratique qui consistait à sceller les bords des étoffes de soie et de coton avec de la cire. On a retrouvé des traces de cire sur les bords vifs des motifs brodés, réalisés avant d’être découpés et appliqués sur l’ouvrage.
La cire permettait également de fixer la peinture sur les bannières et les fanions et d’imperméabiliser les toiles protégeant les vêtements royaux, la literie et les tentures murales pendant leur transport.

Au sujet de la réalisation des motifs de broderie, on a par exemple retrouvé dans un livre de comptes du XIVe siècle la mention de l’achat de six peaux de parchemins pour réaliser le patron des léopards destinés à une tunique d’armoiries où les léopards étaient ensuite brodés au fil d’or. On a également la mention de l’achat de grandes feuilles de papier pour la réalisation d’une housse de cheval décorée à la feuille d’or et d’argent.

Les commanditaires étaient souvent pressés. Une solution pour répondre au problème de la rapidité d’exécution était de répéter les motifs, procédé qui deviendra courant pour la broderie civile et plus tard pour la broderie liturgique. Pour faciliter la réalisation de motifs répétitifs, “ on traçait d’abord le dessin sur le papier, on en piquait le contour de petits trous et on reportait le dessin sur la toile en faisant pénétrer de la craie en poudre par ces trous. Le papier enlevé, une série de petits points de craie indiquait le contour du motif sur lequel on repassait à l’encre ou à la peinture ; l’excès de poudre était ensuite enlevé en y soufflant dessus ”.

La production de papier ne commença à augmenter qu’à partir du XIVe siècle. A l’époque où Cennini écrit, il était possible de se procurer, en Italie du moins, un papier blanc très fin qu’il conseille d’enduire d’huile de lin pour le rendre “ transparent et bon ”.
Il était également possible d’utiliser du parchemin soigneusement gratté pour le rendre transparent et de l’enduire d’huile de lin.
Papiers et parchemins pouvaient parfois servir de fond à un motif de broderie, lui permettant ainsi de conserver sa forme pendant qu’il était brodé.

Les bobines de fil n’existaient apparemment pas mais on a retrouvé des fils de soie enroulés sur des bâtons.

LA TECHNIQUE

Au Moyen Age, dans les régions rurales où les conditions sociales étaient moins prospères et ambitieuses, la pratique de la broderie allait vers des formes moins raffinées, tandis que dans les villes, de riches commanditaires encourageaient le développement de techniques plus élaborées et raffinées.

Appliqué :

Il s’agit de coudre des pièces de tissu sur un fond contrastant. Ce procédé était notamment employé avec des étoffes bien apprêtées dont les bords ne s’effilochaient pas trop, ces bords étant cousus au point d’ourlet.
Avec des tissus comme de la soie ou du velours, la technique de l’appliqué était plus difficile à mettre en œuvre dans la mesure où les bords avaient tendance à s’effilocher ; pour remédier à ce problème on protégeait les bords avec des fils ou du cordonnet maintenus au point couché. On a par ailleurs retrouvé de la cire de bougie sur les bords de certaines pièces de tissu.
Ce procédé est appelé opus consutum.
Un autre procédé consistait à découper des motifs identiques dans des étoffes de couleurs contrastantes ensuite cousues ensemble.
D’après certains documents, les tentures murales décoratives étaient réalisées de cette manière, avant que celles en tapisserie ne soient plus facilement disponibles.

Contour et remplissage :

Pour créer un motif décoratif sur un fond en tissu, le procédé le plus courant consistait à broder une rangée de points avant, double point avant, point arrière ou de tige. C’est le point de tige qui a dominé au Moyen Age, convenant particulièrement aux tracés courbes.
On peut citer à titre d’exemple la broderie de Bayeux où il est un des principaux points utilisés. Sur cette même broderie, les points fendus et de chaînette, convenant aussi aux tracés du contour, ont également été utilisés.

Les fils comptés :

Les couvents, les trésors d’église et les musées ont gardé des ouvrages réalisés au point de croix, aux fils comptés et aux fils tirés.
La technique de ce type de broderie fait appel directement aux fils de trame et de chaîne de la toile.
La broderie aux fils tirés est plus difficile à maîtriser : elle consiste à retirer certains fils de trame et de chaîne, les fils restant étant repris au moyen de certains points pour former un fond ajouré.

Le point de brique :

C’est une variante du point satiné. Des groupes de deux ou trois points sont réalisés côte à côte sur un même nombre de fils tissés. Ils permettent de remplir les zones de couleurs ou créent des motifs à l’intérieur de ces zones ; on pouvait ainsi créer des motifs sur l’ensemble du fond de la toile. Ce point convenait en particulier aux coussins à motifs répétés.

Le matelassé :

Très peu de pièces en matelassé sont parvenues jusqu’à nous. Depuis longtemps déjà la laine brute ou le coton étaient utilisés entre deux pièces de toile pour créer une doublure de protection qui se portait sous la cotte de mailles ou l’armure.Pour maintenir ensemble les épaisseurs, on cousait quelques points à la verticale, à l’horizontale ou en diagonale.
Dès le XIIIe siècle au moins, ce type de vêtement était fabriqué par le tailleur et l’armurier de toile dans les grandes villes comme Paris et Londres.
L’hypothèse a été émise que cette technique venait d’Inde ou du Proche-Orient, mais on ignore à partir de quand les points les plus décoratifs et compliqués furent introduits en Europe.

Le point couché :

Les fils sont disposés sur le fond, en lignes parallèles, et maintenus en place par des points, de manière à former des blocs entiers de couleur.
Cette technique était très courante au Moyen-Âge, très employée pour la broderie en laine dans le Saint Empire. Ce point permettait d’économiser le fil d’or, très coûteux et fragile à broder.

Fils de laine et de soie :

La technique du point couché a été trouvée sur un fragment de laine du 1er siècle avant J.-C., dans le nord de la Mongolie. A la fin du XIe siècle, elle était déjà employée depuis longtemps.
Deux méthodes étaient employées pour coucher les fils :
- Soit en couchant les fils composant le fond et en les maintenant au point lancé perpendiculairement à eux et largement espacés. C’est par exemple le cas de la broderie de Bayeux, qui témoigne du grand niveau de maîtrise de cette technique.
- Soit en couchant les fils à mesure qu’on réalisait le fond, rangée par rangée.

Fils d’or :

Ils étaient également couchés selon les deux méthodes décrites ci-dessus. Comme ce fil était très onéreux, l’utilisation la plus économique consistait à poser le fil sur le fond et à le maintenir en place par de petits points en fil de soie. Ces petits points sont peu à peu devenus un élément décoratif, formant des chevrons, des fonds damassés ou d’autres motifs.
Pour donner du relief à ces broderies, des fils de coton épais étaient placés sous les fils d’or couchés.
Au XVe siècle, on trouve le procédé de “l’or nué” : des fils de couleur étaient utilisés pour maintenir les fils d’or couchés, ces points formant des tâches de couleurs par dessus les fils d’or, donnant ainsi l’impression d’une peinture à l’aiguille.

Le point couché retiré :

Son usage fut très répandu tout au long du Moyen-Âge mais il fut remplacé par le point couché, plus simple.
Le fil, d’or généralement mais parfois d’argent ou de soie, était posé sur l’endroit du fond et maintenu en place par une boucle de fil de lin ramené de l’envers de l’ouvrage. Ce fil de lin, en pénétrant l’étoffe, prenait avec lui une boucle minuscule du fil d’or qui le camouflait tout en étant fermement maintenu par ce fil de lin.

L’enrichissement des broderies :

Les broderies médiévales étaient rehaussées de perles et de pierres précieuses et semi-précieuses, d’ornements en or, argent, d’émaux. Parfois de perles (décoration très populaire au Moyen-Âge, surtout les toutes petites) ou de paillettes de verre.
Ces symboles témoignaient et marquaient le rang social et la richesse et étaient présents dans l’Eglise, les cours royales et la noblesse ; “Associées aux soieries et velours aux dessins remarquables, l’effet devait vraiment être somptueux et impressionnant”.
Ces broderies somptueuses étaient par ailleurs souvent offertes par de riches commanditaires à la recherche de faveurs ou d’influences.
A la fin du Moyen-Âge, le goût pour les ornements qui faisaient miroiter la lumière sur les vêtements et les harnois était très marqué. Un jeu de chatoiement était alors créé par chaque mouvement.

LES COMMANDITAIRES :

La broderie, en tant qu’occupation familiale, était liée à l’aisance du ménage au Moyen-Âge. La majorité des femmes avaient peu de temps à y consacrer.
Rapidement, les brodeurs de métiers ne purent produire des ouvrages remarquablement exécutés que s’ils étaient commandités directement. Ils pouvaient ainsi couvrir les coûts des matériaux au fur et à mesure que l’ouvrage avançait, même si, dès le XIIIe siècle, les marchands étaient des intermédiaires anticipant la demande et facilitant la production.
Les églises étaient les premiers bénéficiaires de l’art de la broderie au Moyen-Âge.
Généralement, les commanditaires aimaient que leur nom figure sur la broderie, pour que chacun sache qui en était le donateur. Les broderies étaient même parfois rehaussées de motifs héraldiques sur la demande du commanditaire, pour rappeler la générosité et le rang social du donateur."

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 Sujet du message: Re: Histoire de la broderie
MessagePosté: Mer 30 Jan 2008 18:32 
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C'est passionnant :mimi :mimi

J'ai rien contre les post multiples dans ce genre tu as cas, tu as bien fait =)

De toute façon, le système n'autorise pas les messages trop longs, il donne un avertissement en demandant de les couper :wink

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 Sujet du message: Re: Histoire de la broderie
MessagePosté: Mer 30 Jan 2008 19:05 
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une confirmation ne fait jamais de mal ^^

si je trouve autre chose d'interressant je vous le post ^^

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 Sujet du message: Re: Histoire de la broderie
MessagePosté: Mer 30 Jan 2008 19:43 
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très intérressant, je ne connaissais pas l'histoire de la broderie, alors merci d'apprendre la naisssance de cette méthode d'ornement qui na de cesse de nous éblouir :coeurs


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